Animatrice : Karine Vieux-Fort, responsable scientifique et des activités du Consortium d’animation sur la persévérance et la réussite en enseignement supérieur (CAPRES)
Panélistes :
- Habib El-Hage, directeur et chercheur, Institut de recherche sur l’intégration professionnelle des immigrants (IRIPI)
- Jean Poirier, conseiller en emploi, Service du développement professionnel, Université Laval
- Doudou Sow, directeur du service régionalisation de la main-d’œuvre immigrante, Lanaudière économique
Synthèse de l’activité sur le site du CAPRES
L’insertion socioprofessionnelle est un moment charnière du parcours étudiant en enseignement supérieur. Or, certains profils étudiants font face à davantage d’obstacles. C’est le cas des personnes issues des minorités visibles, qui rencontrent des barrières additionnelles lors de leur transition vers le monde du travail. Alors que l’on considère la scolarisation comme un facteur d’égalité et un investissement pour une meilleure insertion, les personnes immigrantes au Québec, principalement les minorités visibles, continuent de vivre de la discrimination, des préjugés et du racisme à l’embauche. De même, le taux de chômage des jeunes immigrants et immigrantes est deux fois plus élevé que celui des jeunes né•es au Québec.
En réponse à ces difficultés, plusieurs personnes immigrantes déjà diplômées mettent en place des stratégies de retour aux études et de déqualification pour créer de nouvelles portes d’entrée vers l’emploi, les plaçant ainsi souvent dans une situation de surqualification. Selon les données tirées du recensement de 2016 au Québec, 41,4 % des personnes immigrantes détenant un diplôme universitaire étaient en situation de surqualification, contre seulement 29,8 % des personnes non immigrantes. Le taux de surqualification des personnes immigrantes titulaires d’un diplôme universitaire a augmenté de 2001 à 2016 pour l’ensemble des groupes minoritaires. Et une importante proportion de personnes immigrantes est également touchée par la surqualification majeure, soit le fait qu’une ou un titulaire de diplôme universitaire détienne un emploi requérant un niveau d’études secondaires.
Pour être efficaces et répondre aux besoins différenciés de la population étudiante immigrante, les mesures mises en place dans les établissements d’enseignement supérieur pour faciliter l’insertion socioprofessionnelle doivent ainsi tenir compte de ce contexte difficile et des obstacles particuliers pour mieux préparer, encadrer et accompagner les personnes concernées vers la réussite. Cet encadrement doit comprendre à la fois des initiatives à l’intérieur des programmes et des cursus (stages, laboratoires pratiques, programmes coopératifs, initiation à l’entrepreneuriat, etc.), le recours aux services de placement et d’orientation sur les campus, ainsi que les services spécialisés pour soutenir la période post-diplomation et la transition vers le marché du travail.
Description de l’activité
L’activité, organisée par le Consortium d’animation sur la persévérance et la réussite en enseignement supérieur (CAPRES) et le Bureau de l’équité, la diversité et l’inclusion du siège social de l’Université du Québec, réunit trois experts de l’insertion socioprofessionnelle et des enjeux propres aux populations immigrantes et aux minorités visibles.
Type d’activité :
- Panel de discussion. Trois présentations suivi d’un échange avec l’auditoire.
Public ciblé :
- Professionnels et professionnelles de l’employabilité dans les établissements d’enseignement supérieur (conseiller et conseillère d’orientation, conseiller et conseillère en emploi, coordonnateur et coordonnatrice de stage, etc.);
- Professionnels et professionnelles du secteur du soutien aux populations étudiantes internationales.
Objectifs :
- Présenter les défis auxquels font face les personnes immigrantes, et en particulier les minorités visibles, sur le marché de l’emploi;
- Donner des pistes concrètes pour mieux adapter l’accompagnement requis pour faciliter l’insertion socioprofessionnelle de la population étudiante issue de l’immigration.
Au terme de l’activité les participant•es seront en mesure :
- D’identifier les principaux défis rencontrés par la population étudiante issue de l’immigration lors de l’insertion socioprofessionnelle;
- D’identifier des leviers efficaces d’action pour accompagner la population étudiante dans leur orientation scolaire et professionnelle
Directeur de l’Institut de recherche sur l’intégration professionnelle des immigrants (IRIPI), Habib El-Hage est membre de plusieurs centres de recherche dans le domaine des relations interculturelles (SHERPA, RAPS). Ses intérêts portent sur les pratiques de gestion de la diversité dans les entreprises et les organismes publics. Il a collaboré à plusieurs recherches portant sur des sujets variés qui interpellent les cégeps tels : les accommodements raisonnables, les multiples barrières que vivent les personnes LGBTQ racisées à Montréal, le soutien à la radicalisation chez les jeunes cégépiens, les adaptations organisationnelles nécessaires en milieu des cégeps, les défis de l’intervention en contexte de diversité et la médiation interculturelle. Il a publié un ouvrage portant sur l’intervention interculturelle à l’intention des intervenants de première ligne en milieu collégial. Il est commissaire à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et à l’Office de la consultation publique de Montréal. Il a contribué à la consultation publique portant sur le racisme et la discrimination systémiques.
Jean Poirier est conseiller en emploi au Service du développement professionnel de l’Université Laval. Il détient une licence et un baccalauréat en orientation. Travaillant en employabilité depuis près de 30 ans, il a accompagné des centaines d’étudiants et diplômés universitaires issus de l’immigration dans leur recherche de stage et d’emploi. Convaincu de l’importance de rapprocher les employeurs avec la relève, il a coordonné l’implantation de programmes de stages et d’activités carrière. Lors d’un mandat au Secrétariat du Conseil du trésor, il a également participé à la mise en place d’une stratégie d’attraction d’étudiants et stagiaires de la fonction publique du Québec. Il est présentement responsable des actions à mettre en place pour favoriser l’intégration des étudiants étrangers au marché du travail. Passionné par le réseautage, il coordonne un programme de mentorat et anime des webinaires sur l’utilisation de LinkedIn.
Doudou Sow est auteur, expert-formateur en intégration professionnelle et gestion de la diversité ethnoculturelle. Il possède plus de vingt années d’expérience dans les domaines de l’emploi, la régionalisation de l’immigration, le mentorat et l’entrepreneuriat immigrant. Il est actuellement directeur du service régionalisation de la main-d’œuvre immigrante chez Lanaudière Économique. Détenteur d’une maîtrise en sociologie du travail et des organisations, il a travaillé plusieurs années avec des acteurs institutionnels, communautaires et privés sur des questions touchant une meilleure compréhension des réalités de l’immigration dans la société québécoise et canadienne. Par le biais de nombreux ateliers de formation, conférences et publications, il sensibilise les différents acteurs sur les enjeux et défis de l’intégration des immigrants dans la société québécoise (meilleure participation au marché du travail, rapprochement interculturel pour un meilleur vivre-ensemble, pleine participation des communautés culturelles au développement de leur société d’accueil).
Karine Vieux-Fort est responsable scientifique et des activités au CAPRES, le Consortium d’animation sur la persévérance et la réussite en enseignement supérieur. Auparavant, elle était responsable des projets sur la pédagogie universitaire et sur les éditeurs prédateurs à la Direction du soutien aux études et des bibliothèques du siège social de l’Université du Québec. Depuis 2018, elle est également chargée d’encadrement à l’Université TÉLUQ. Enfin, elle détient un Ph. D. en administration et politiques de l’éducation de l’Université Laval (2019). Elle est spécialiste de la sociologie de l’éducation et de la recherche qualitative, et ses intérêts de recherche portent sur les parcours étudiants à l’enseignement supérieur, l’orientation scolaire et professionnelle, la construction identitaire et les politiques d’aménagement linguistique. En lien avec ses activités de recherche, elle est membre associé au Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail, chercheuse au réseau de recherche sur les communautés québécoises d’expression anglaise et membre du réseau de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques.